Éléphantesque 2020
EXPOSITION
QUI SUIS-JE ?
Je suis le plus grand mammifère terrestre vivant et pourtant, ma famille décroît d’année en année. De plusieurs millions au début du vingtième siècle, nous ne sommes plus que quatre cent mille aujourd’hui. La folie de l’homme pour mon ivoire, sa démographie exponentielle, ne me laisse plus que peu de place sur terre. On me chasse, me braconne, colonise les territoires ancestraux où je me déplace pour me nourrir, m’abreuver et élever mes petits. Alors, cher être humain, je t’envoie un S.O.S, nos avenirs sont liés, même si tu n’en n’es pas vraiment conscient. Une extinction de masse, comme celle que tu prépares, ne sera pas une affaire paisible. L’humanité pourrait elle aussi, y laisser sa peau, à coups de bouleversements climatique, famines, et autres guerres pour les derniers territoires fertiles. « Ne laisse pas le temps qui passe devenir le temps qu’il nous reste.
FAMILLE
Les éléphants vivent au sein d’une hiérarchie sociale dominée par les femelles les plus âgées. Elles se déplacent ensemble et forment des groupes sociaux menés par la matriarche, une vieille femelle expérimentée. C’est elle qui dirige le groupe. Elle en est la chef incontestée. C’est elle qui assure la cohésion du groupe, sa sécurité, l’aide à trouver de la nourriture et de l’eau. Elle prend les décisions importantes, par exemple quand il faut charger ou fuir devant le danger. La matriarche enseigne également aux autres femelles comment s’occuper de leurs petits et donne l’exemple pour qu’une autre femelle puisse lui succéder après sa mort. Les mâles quittent le troupeau à l’adolescence lorsqu’ils ont atteint leur maturité sexuelle (entre 15 & 16 ans). Ils vivent ensuite seuls ou au sein de petits troupeaux d’éléphants mâles célibataires.
BOIRE, MANGER …
Un éléphant adulte doit boire entre 170 et 230 litres d’eau par jour. & mange entre 200 kg et 250 kg de nourriture par jour, soit presque 5 % de son poids. Il se nourrit de bois, d’écorces, de branches, de feuilles, de racines, et d’herbe. Son alimentation l’occupe près de 16 heures par jour. Par contre sa digestion n’est pas très efficace, (contrairement aux ruminants, son estomac n’a qu’une seule poche), il n’assimile donc que 45 % des nutriments contenus dans ce qu’il ingère. Ce qui explique cette énorme quantité de nourriture pour assurer un flot constant de nutriments. L’éléphant se sert de ses molaires pour mastiquer, ces dents ne se renouvellent six fois au cours de sa vie. Quand les molaires, trop usées, ne remplissent plus leurs rôles, ils sont contraints de trouver une nourriture, plus facile à mâcher. Ils se rendent vers des rivières où des points d’eau, là ou l’herbe est plus abondante et plus tendre. Malgré cela, sans possibilité de mâcher, ils meurent progressivement de faim et de malnutrition…
MÉMOIRE
L’expression qui dit « avoir une mémoire d’éléphant » n’est pas un mythe. Les éléphants ont réellement une bonne mémoire. De par sa corpulence, il se place en tête du classement des mammifères ayant le plus gros cerveau. Le nombre de connexions entre ses neurones est important. Elles pourraient expliquer leurs très bonnes capacités cognitives. Ils se souviennent parfaitement des lieux ou ils peuvent trouver eau et nourriture. Le troupeau peut survivre à une sécheresse grâce à la mémoire de la matriarche qui se souvient exactement de l’emplacement des points d’eau restant alimentés pendant la saison sèche. Il est aussi capable de reconnaître un de ses congénère rencontré auparavant…
TROMPE
« Sentir, Saisir, Palper, Respirer, Boire, Barrir, Communiquer …»
C’est une merveille de la nature. Elle est constituée de 150.000 muscles et tendons qui lui donnent toutes ces possibilités, et d’autres encore. La trompe regroupe le nez et la lèvre supérieure de l’éléphant. Elle est formée de plusieurs milliers de muscles, environ 150 000 et peut peser plus de 100 kg. Elle a de multiples fonctions. Elle sert en premier lieu à respirer, bien sûr, mais aussi à boire, l’éléphant aspire environ sept litres d’eau grâce à sa trompe, qu’il expulse ensuite dans sa bouche. Elle sert aussi à se nourrir, à communiquer soit avec des sons, soit tactilement… Enfin, l’éléphant s’en sert aussi se gratter, pour projeter eau, terre, sable, sur sa peau fragile pour se protéger du soleil et des parasites. Pour saluer ses amis ou menacer ses ennemis, pour utiliser ou déplacer des objets aussi lourds qu’un tronc d’arbre par exemple…
DÉFENSES
Ce sont des dents, de larges incisives. Elles sont faites d’ivoire. Le jeune éléphant aura d’abord des défenses de lait qui tomberont vers l’âge d’un an. Les défenses permanentes pousseront ensuite durant toute la vie. Les éléphants utilisent ces dents principalement pour se nourrir en creusant le sol à la recherche de racines, ou en arrachant l’écorce des arbres. Elles servent aussi aux mâles pour combattre leurs ennemis, ou leurs congénères lors des périodes de reproduction. Hélas, celles-ci attirent la convoitise des braconniers pour alimenter un insatiable appétit d’ivoire causant la mort de 20 000 à 30 000 éléphants chaque année… En réaction, dans les pays fortement marqués par le braconnage, des scientifiques ont pu observer que, de plus en plus d’éléphants femelles naissent sans défenses… En Afrique du Sud : au début des années 2000, 98 % des 174 éléphants femelles du parc national des éléphants ado n’avaient pas de défenses.(source National Geographic)
Selon une estimation basse, 20.000 éléphants d’Afrique sont tués chaque année pour leur ivoire. Même si le marché chinois est en déclin, le commerce de « l’or blanc » demeure lucratif. Après la drogue et les armes, le trafic des espèces sauvages est le troisième au monde, il est devenu une criminalité organisée.Les cargaisons d’ivoires transitent d’Afrique vers l’Asie, mais aussi vers l’Europe et la France où, en 2016 les douanes ont saisi 790 kg d’ivoire… En mai 2018, ce sont 600 kg d’ivoire ont été détruit et incinérés dans une opération menée par IFAW, et l’ONCFS (Office National de la chasse et de la faune sauvage).
EXPOSITION 2020
C’est la quatrième édition de l’exposition Éléphantesque. Il aurait été vain, de juste accrocher des photos sur un mur, de rester là, à contempler son travail. Il fallait rendre l’événement utile, contribuer, à notre humble niveau, à la protection de ces géants. Cette année encore, nous participerons à la défense des pachy- dermes en reversant tous les béné ces issus de la vente de ce calendrier, et de la vente aux enchères des photos, à IFAW ( Fond International pour la Protection des Animaux.)
Chaque année, on espère, encore et encore, que la tendance va s’inverser, que les choses vont changer… Mais une fois de plus, des scientifiques nous prédisent maintenant l’extinction d’un mil– lion d’espèces animales et végétales. Le rythme actuel de disparition de la biodiversité est sans précédent dans l’histoire de l’humanité et il s’accélère. Nous pouvons toujours chercher à savoir si la disparition des félins d’Afrique, ou encore de l’éléphant des savanes, est vraiment vitale pour notre bien-être et notre confort. Tout compte fait, on peut très bien se passer d’eux pour vivre entre nous, mais si les derniers éléphants venaient à agoniser, ce serait toute la biodiversité qui serait menacée.
Nos grands mammifères, éléphants, rhinocéros, baleines, etc… sont un de ces derniers remparts sauvages qui nous séparent d’un monde robotisé, à la terre stérile et désertique. S’ils disparaissent, nous disparaîtrons à notre tour… Et si nous arrivons à survivre, est- ce vraiment le monde dans lequel nous voulons vivre ?
Est-ce le monde que nous voulons laisser à nos enfants ?
Y aurait-il un sujet de préoccupation plus sérieux que celui-là? Allons nous enfin apprendre de nos erreurs?
Ouvrons nos yeux, débouchons nos oreilles. Nous qui nous targuons d’être « l’intelligence» du règne animal, pro tons de notre «supériorité» pour la faire fonctionner à notre avantage.
« C’est une triste chose de songer que la nature parle, et que le genre humain n’écoute pas »
Victor Hugo, 1870, Carnets.,
Un grand merci à tous ceux qui ont permis à Éléphantesque d’exister, à vous tous qui avez contribué à la réussite de cette opération, à tous ceux qui nous aideront encore cette année.
Pour cette année particulière, nous vous proposons une visite virtuelle de l'exposition. Si vous souhaitez nous soutenir des calendriers au bénéfice de l'ONG IFAW sont en vente.
Pêcheurs d'Indo
VOYAGE
RENCONTRE SOUS MARINE
C’est une île. Une toute petite île. Un petit truc de rien. Un bout de terre perdu . A l’est de l’est de l’Indonésie, au nord du nord de l’Australie , tout près de la Papouasie… Nusan Tengara. Les petites îles de la sonde en plein milieu milieu du détroit de Pantar, au cœur de l’archipel d’Alor : Kepa.
Trois jours de voyage intensif. pour y arriver. La taille de l’avion diminue d’escale en escale, au fur et à mesure qu’on approche. Puis vient le bemo (minibus collectif local), et la petite barque de pécheur au moteur pétaradant. Bien qu’elle se trouve à seulement 200 mètres de l’île principale, Kepa est isolé par les très forts courants qui l’entourent. La barcasse lutte avec obstination au milieu des tourbillons, elle donne plus la sensation de reculer que d’avancer et pourtant, ça y est, on y est.
Le pied pénètre dans le sable d’un blanc aveuglant, la plage est bordée d’arbres au vert mystérieux, tacheté ici et la du violet éclatant des Bougainvilliers. L’impression d’un monde que l’on pourrait penser hors du temps, envahie les sens sur cet Ilot à la Robinson Crusoë. C’est perdu, c’est beau, c’est chaud.
Depuis les années 80, la plupart des familles ont déménagé sur l’ile principale, dans le village d’Alor Kecil, où se trouvent des puits d’eau douce, des accès routiers et même l’électricité publique.
Il reste juste une soixantaine d’âmes qui peuplent l’est de l’ile. Ils vivent de la pêche, du commerce dans les marchés voisins, ou travaillent à l’éco-village crée il y a une vingtaine d’années par un couple de français, Cédric et Anne.
Construit, en coopération avec les habitants, le « resort « comprend une dizaines d’habitations, allant de la “hutte” traditionnelle indonésienne, au bungalow avec électricité solaire, en passant par le centre de plongée, où Cédric emmène les “hommes grenouilles”, venus du monde entier découvrir les beautés sous marine de la région.
Hallucinants de couleurs, riche d’une biodiversité incroyable, les fonds sous- marin font partie des spots réputés, que tout «plongeur voyageur » digne de ce nom doit absolument avoir inscrit sur son carnet de plongée.
Plonger à la Kepa, est un rendez vous avec des tombants abyssaux tapissés de corail vierge, de gorgones géantes mais surtout une belle rencontre avec d’innombrables “freaks”, membres de cette faune sous marine qui ne ressemblent à rien, et se mimétisent en tout. Les Martiens de la planète mer. Poissons grenouilles, poissons feuilles, poissons scorpions, rhinopias, et autres uranoscopes… Il y a aussi les nudibranches, ces espèces de limaces aux couleurs irréelles qui font exploser le nuancier avec des tons qu’on ne savait même pas exister. Ils transforme le bleu de la mer. Pigments. Teintes. Nuances…. Le bleu devient arc-en-ciel.
SOUS L’EAU IL N’Y A PAS QUE DES POISSONS
Kepa est traditionnellement l’endroit où la tribu «Menglolong» s’est établie. C’est l’une des plus anciennes tribus de la communauté d’Alor Kecil, celle qui a son histoire d’origine dans la mer. Elle serait selon la légende, sorti des eaux pour habiter l’ile. Peuple de pêcheur, filet, nasse, harpon ou fusil, ils perpétuent l’activité traditionnelle tout autour de l’ile. Et se refusent aux techniques de pêche destructrices, comme les filets à mailles fines, le cyanure ou la dynamite, qui endommagent les récifs et appauvrissent les ressources. Il n’est donc pas rare, tout au long de nos pérégrinations sous marine, de les rencontrer, en pleine activité. Daing Mudiolang alias Bapak (père) Daing, est un de ceux la. Il pose des « boubous » nasses en bambou tressé tout autour de l’ile. C’est le seul à pêcher, en usant de cette technique ancestrale. Il fabrique lui même ses pièges à poissons, comme le faisait son père, et son grand père. Equipé des « kacamata », petites lunettes de plongée en bois, il dispose ça et la ses pièges à poissons tout autour de l’ile. Sa connaissance intime des marées, des courants, & son aptitude étonnante à se déplacer sous l’eau lui permet de disposer les nasses dans les lieux les plus poissonneux.
Il est capable de rester quatre ou cinq minutes en apnée, à une profondeur d’une quinzaine de mètres, pour caler ses casiers avec des pierres récoltées sur le fond.
C’est un spectacle hors du commun, de le voir se déplacer sous, et sur l’eau, avec une facilité déconcertante, plongeant ou tirant sa barque dans le courant comme si de rien n’était. Évoluant en symbiose, comme une composante naturelle de cet écosystème. Les nasses sont relevées tous les trois ou quatre jours en fonction des marées , et même si les récoltes ne sont pas abondantes, Vendu au marché sur l’ile principale, elles assurent un petit revenu régulier à la famille. Les poissons de roche, ayant une valeur marchande moindre que les pélagiques comme les thons ou les carangues. Bapak Dieng essaye souvent lors de ses trajets vers ses lieux de pêche, les nuits de pleine lune, d’améliorer l’ordinaire en posant une ligne de traine pour essayer de capturer ces poissons de pleine eaux à la chair prisée.
Une séance de snorkling autour de l’ile, laisse place a la rencontres avec des chasseurs sous marin. Muhamad Kari, alias Bapak Sere est un de ceux la. Bapak Sere chasse le mérou ou les poissons pélagiques. Restant posté, aplati sur le fond, regard vers le large, attendant le passage d’un thon à dent de chien, ou d’un banc de carangues à gros yeux… Pas de palme, pas de masque, juste ses petites lunettes de bois et son arbalête artisanale fabriquée à l’aide d’un long morceau de bois, d’une tige de fer pointue, et de chambres à air faisant fonction de sandow. Il glisse dans l’eau tel un poisson, donnant l’impression d’avoir une relation hors du commun avec la mer.
A l’image des Badjao, cette peuplade nomade vivant sur des bateaux un peu plus au nord vers les Sulawesi, ayant développé une aptitude hors du commun pour la chasse sous marine. Leur organisme s’étant, au fil des générations, génétiquement adapté au milieu. Dans une étude récemment publiée par la revue américaine Cell, des chercheurs ont observé que la rate – organe capable de libérer des globules rouges et qui joue un rôle dans le réflexe de plongée – des Badjao était 50 % plus grosse que celle des autres habitants de la région. Une caractéristique physique qui facilite l’endurance en apnée. Certains Badjao sont capables de rester en apnée plus une dizaine de minutes à des profondeurs impressionnantes. On parle de treize minutes à soixante mètres de profondeur… Un truc inhumain, même pour les apnéistes renommés.
DÉCOMPRESSION
Au milieu de ces journées sub-aquatiques, un jours de déco-stop agrémenté d’une visite sur la grande ile, n’est pas une sinécure.
Il suffit, une fois de l’autre coté du détroit de louer un “Ojek”, un chauffeur qui nous emmène sur sa moto, plutôt sur sa mobylette, et se charge de l’excursion. Direction Kalabahi, la ville, son marché, et puis hop, la route vers la montagne, et ses village. Une température presque fraiche nous accueille dans la grande forêt à près de 800m d’altitude.
Arrivé à Takpalak au bout d’une heure de mob, la route fait place à un chemin peut carrossable. On apprécie l’arrêt pour soulager le mal de séant sur une selle très inconfortable. La montée à pied est salutaire. Le village est construit de huttes traditionnelles, avec une espèce de grande surface ajourée au rez de chaussée, et le lieux de nuit au premier. Un homme sort de la maison, et commence à nous parler en bahasa. Les Ojek étant restés en bas du chemin pour garder leurs engins On se comprend, mi signe, grands sourires, et en fait il nous invite à boire le café, nous présente sa famille, montre des photos de lui en costume traditionnel, et nous montre son Moko, un tambour traditionnel en bronze typique de l’ile. Il y en a des milliers dans l’île, les Alorais les auraient trouvé enfouis dans le sol, et les considèrent comme un dons des dieux.
On fait rapidement un dessin montrant d’ou nous venons, ou on habite, Mappemonde, la France hexagonale en prend un coup, mais bon, il faut bien expliquer… Le temps passe, on déguste ce café très sucré, on sourit, c’est fou comme le sourire ouvre toutes les portes par ici, on fait une photo souvenir et puis, plein de remerciements, on repart.
Direction un autre village… La route est jalonnée de maisons, il y en a sur des km et des km .Les gamins rentrent de l’école, tous en uniforme. Ils n’arrêtent pas d’hurler des “ Eh Mister ! Mister !” Il faut répondre d’un petit salut. Il forment une vrai haie d’honneur, et ils appellent encore Mister!!! Mister !!! Et Mister, il faut bien qu’y réponde, même si on a encore plus mal au fesse que tout à l’heure, alors droit sur la mob, on salut, d’un petit geste de la main comme “la reine d’Angleterre. “
La route serpente, monte, les barques des pêcheurs se détachent en contre-jours, la vue sur la baie est splendide.
La lumière commence à prendre les teintes jaunes de la fin de journée. les ciels indonésiens sont d’une terrible beauté. De ceux qui donnent envie de rêver. Celui la est chargés de nuages ventrus, énormes. Au beau milieu de tout ça, la masse incandescente du soleil qui vient rebondir comme une grosse bille rouge. Les blocs s’entrechoquent, rebondissent, essayent de s’accrocher l’un l’autre désespérément. A bout de force, la lumière disparaît, happée, écrasée entre deux gigantesques cumulo-nimbus noirs comme de l’encre de seiche. Chemin faisant, l’Équateur les a remplis d’une eau chaude, et lourde, qui va s’abattre tel le rideau impitoyable d’une scène de théâtre… Fin du rayon rouge… Fin du spectacle…La palette est complète.